Les chaudes luttes des Oscars: «Dune: deuxième partie» a-t-il des chances de décrocher des statuettes?

May Be Interested In:The thin-obsessed world is growing more vicious by the minute. But fat people aren’t going anywhere | Rebecca Shaw


Avec les surprises de la soirée des SAG Awards dimanche dernier, la course aux Oscars est désormais moins prévisible que jamais alors que Timothée Chalamet, Demi Moore et Zoe Saldana sont désormais les grands favoris. Et qu’adviendra-t-il du Dune: deuxième partie de Denis Villeneuve ou de la comédie musicale à succès Wicked? État des lieux…

Meilleur film



Karla Sofía Gascón dans le film «Emilia Pérez».


PHOTO FOURNIE PAR NETFLIX

La statuette du meilleur film est, sans conteste, la plus convoitée. Car la remporter peut signifier une augmentation de 20% des recettes du long métrage au box-office, sans compter la reconnaissance de toute une industrie mondiale. Tant Le brutaliste qu’Emilia Pérez ont été pris dans des controverses, le premier en raison de l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle, et le deuxième, œuvre de Jacques Audiard, en raison des clichés véhiculés. Le favori serait donc Anora, l’histoire d’une jeune Américaine qui épouse le fils d’un oligarque russe. Mais voilà, le suspense papal Conclave qui s’intéresse au processus secret et aux jeux politiques derrière l’élection d’un pape a été récompensé au SAG Awards, ce qui brouille singulièrement les boules de cristal.

Meilleure actrice


Timothée Chalamet reçoit des directives du réalisateur québécois Denis Villeneuve sur le plateau de «Dune: deuxième partie».


Demi Moore dans le film «The Substance».


PHOTO FOURNIE PAR MUBI

Demi Moore est indéniablement la grande favorite de cette catégorie pour son rôle d’une femme vieillissante qui recourt à un produit rajeunissant avec des conséquences, on l’imagine, désastreuses, dans La substance de la Française Coralie Fargeat. Récompensée aux Golden Globes, aux Critics’ Choice Awards et maintenant aux SAG – sans, toutefois, avoir réussi à décrocher le BAFTA –, la victoire de Demi Moore aux Oscars semble presque assurée. Presque? Oui, car les membres de l’Académie qui votent dans les catégories de jeu sont, eux aussi, des acteurs. Et la performance subtile, nuancée, forte et fragile à la fois, de Fernanda Torres dans I’m Still Here, drame biographique de Walter Salles, sur une épouse et mère de famille brésilienne dont le mari est enlevé par le régime dictatorial en place, ne peut que forcer l’admiration.

Meilleure actrice de soutien


Timothée Chalamet reçoit des directives du réalisateur québécois Denis Villeneuve sur le plateau de «Dune: deuxième partie».


Zoe Saldaña dans le film Emilia Perez.


PHOTO FOURNIE PAR NETFLIX

Cette année, cette catégorie est devenue un fourre-tout, apte à attirer les spectateurs et cinéphiles de tous âges. On trouve ainsi l’excellente Isabella Rossellini (Conclave), qui mérite amplement un Oscar, Ariana Grande (Wicked), Felicity Jones (Le brutaliste) ou encore Monica Barbaro (Un parfait inconnu). Et puis, il y a Zoe Saldana, un cran au-dessus de la mêlée depuis les SAG Awards. Seule actrice d’Emilia Pérez à avoir échappé à la controverse entourant le film, la statuette pourrait bien lui être remise en guise de consolation pour ne pas avoir été nommée dans la catégorie de la meilleure actrice, les studios ayant préféré pousser la candidature (non retenue par l’Académie) de Karla Sofia Gascon.

Meilleur acteur


Timothée Chalamet reçoit des directives du réalisateur québécois Denis Villeneuve sur le plateau de «Dune: deuxième partie».


Jeremy Strong et Sebastien Stan dans dans le film “The Apprentice”.


PHOTO FOURNIE PAR SCYTHIA FILMS

La surprise créée par la victoire de Timothée Chalamet aux SAG Awards défait toutes les prédictions pour les Oscars dans cette catégorie où s’affrontent également Adrien Brody (Le brutaliste), Ralph Fiennes (Conclave), Colman Domingo (Sing Sing) et Sebastian Stan (L’apprenti). Adrien Brody, empêtré dans la controverse autour du film risque donc de voir la précieuse statuette lui échapper. Mais on ne peut s’empêcher de penser, aussi, que l’Académie voudra peut-être lancer un message bien senti au président américain en récompensant Sebastian Stan, incroyable en Donald Trump.

Meilleur acteur de soutien


Timothée Chalamet reçoit des directives du réalisateur québécois Denis Villeneuve sur le plateau de «Dune: deuxième partie».


Kieran Culkin le 11 février dernier à New York.


MEGA/WENN

Benji Kaplan est déprimé, grand consommateur de pot et il s’apprête à aller en Pologne avec son cousin David (Jesse Eisenberg) sur les traces de la jeunesse de leur grand-mère qui vient de mourir. Le film s’appelle A Real Pain et Benji est incarné par nul autre que l’excellent Kieran Culkin, parfait dans ce scénario de Jesse Eisenberg, également derrière la caméra. Sa performance, déjà récompensée d’un BAFTA, d’un Critics’ Choice Award, d’un Golden Globe et désormais d’un SAG, lui vaudra sans aucun doute l’Oscar. Et dommage pour Edward Norton (Un parfait inconnu), Guy Pearce (Le brutaliste), Yura Borisov (Anora) et Jeremy Strong (L’apprenti).

Quelles sont les chances du Dune deuxième partie de Denis Villeneuve?


Timothée Chalamet reçoit des directives du réalisateur québécois Denis Villeneuve sur le plateau de «Dune: deuxième partie».


Denis Villeneuve, Javier Bardem et Josh Brolin sur le plateau de «Dune: deuxième partie».


PHOTO FOURNIE PAR WARNER BROS. ENTERTAINMENT

Le long métrage du cinéaste de chez nous a été nommé dans cinq catégories: celles du meilleur film, des meilleurs effets visuels, des meilleurs décors, de la meilleure direction de la photographie et du meilleur montage sonore.

– On sait déjà que la statuette du meilleur film échappera aux producteurs Mary Parent, Cale Boyter, Tanya Lapointe et Denis Villeneuve (sans oublier que le réalisateur n’a pas été nommé dans sa catégorie).

– Aucun doute, les effets visuels de Paul Lambert, Stephen James, Rhys Salcombe et Gerd Nefzer ont charmé durablement les cinéphiles et c’est probablement la catégorie dans laquelle Dune deuxième partie a le plus de chances de gagner, et ce, malgré la présence de poids lourds comme le toujours efficace Le royaume de la planète des singes, le somptueux Wicked et même le surprenant Better Man.


Timothée Chalamet reçoit des directives du réalisateur québécois Denis Villeneuve sur le plateau de «Dune: deuxième partie».


Denis Villeneuve et Tania Lapointe lors de l’annonce des nominations des Oscars, le 25 février dernier, à Los Angeles.


Getty Images via AFP

– Du côté des décors, Patrice Vermette (gagnant de la statuette pour Dune, et nommé pour Victoria: les jeunes années d’une reine de Jean-Marc Vallée et Arrivée de Denis Villeneuve) et Shane Vieau (déjà oscarisé pour La forme de l’eau de Guillermo del Toro) pourraient se partager le trophée tant convoité, si l’extraordinaire travail de l’équipe de Wicked n’est pas salué par l’Académie.

– La direction de la photographie est assurée par Greig Fraser, déjà oscarisé pour Dune. Pourra-t-il donc réitérer sa victoire? Il a de très sérieux concurrents avec Maria, Nosferatu et The Brutalist.

– La statuette du meilleur montage sonore risque d’échapper à l’équipe composée de Gareth John, Richard King, Ron Bartlett et Doug Hemphill. Car, dans cette catégorie également, Wicked s’impose comme l’incontournable, à moins qu’Un parfait inconnu ne se fraye un chemin jusqu’à la scène du Dolby Theatre.

La cérémonie des Oscars

– Quand? La cérémonie se tient le dimanche 2 mars à partir de 19h (heure de l’Est) sur ABC et CTV. Le tapis rouge est retransmis sur le site OnTheRedCarpet.com ainsi que sur la chaîne YouTube et sur la page Facebook de On the Red Carpet.

– Qui? Conan O’Brien assure l’animation de la soirée.

Faut-il boycotter les Oscars?


Timothée Chalamet reçoit des directives du réalisateur québécois Denis Villeneuve sur le plateau de «Dune: deuxième partie».


Photo AFP

Cette année, dans un contexte de menaces économiques américaines pesant sur de nombreuses industries de chez nous, la question de savoir s’il faut s’abstenir de regarder la cérémonie se pose avec une acuité particulière. Or, cette année, les films nommés aux Oscars sont particulièrement diversifiés. 

Emilia Pérez est un film français mettant en vedette une actrice trans, Anora est une production indépendante, Dune deuxième partie est signé Denis Villeneuve et Patrice Vermette est en nomination, L’apprenti est un portrait au vitriol de Donald Trump, le documentaire No Other Land sur le sort de la Cisjordanie est présenté dans quelques salles ici, mais n’a toujours pas de distributeur aux États-Unis… sans oublier que plusieurs des longs métrages nommés sont diffusés sur des plateformes de chez nous, dont illico+ ou Crave. Pas si simple, donc, de boycotter de la culture.

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